Derrière les vitres de ma véranda, je vois les collines, l’horizon lointain, le sud, les Pyrénées, l’ouest et j’y devine l’Océan, le nord et la ville. Depuis la rédaction en ville, je vois les toits des immeubles agenais, haussmanniens ou pas, riches ou délabrés.
J’aime regarder au loin.
Parfois, je me surprends à ne penser à rien et dès l’instant précis où je m’en aperçois, je n’y arrive plus.
Parfois, mes pensées se perdent bien ailleurs que dans ces vues superbes, mon regard n’est perturbé par aucun obstacle et l’esprit, ainsi libéré, va où bon lui semble d’aller.
Parfois, j’observe attentivement la nature. D’un vol tournoyant de quelques rapaces, j’en déduis la présence d’une proie, sans doute un campagnol dans le champ moissonné. Tous les sens sont en éveil, ainsi le chant d’une perdrix témoigne de sa volonté de trouver compagne. Humant le vent d’ouest, j’arrive à percevoir les effluves des pins sous la chaleur de la lande.
Parfois aussi, je concentre mes réflexions sur un signe d’activité humaine. Un jet d’eau au loin m’indique un champ de maïs. Un nuage de poussière trahit le passage d’un tracteur dans une zone sèche. Une colonne de fumée, un feu de déchets verts ou pire, de chaume. La nuit, des gyrophares tout en bas dans la vallée me rendent triste, un incendie, un accident, un drame.
Les collines sont si riches en histoire, les vraies que l’on ne connaîtra jamais, les irréelles qu’on aime croire, les tristes, les rebelles, les causes perdues, les nobles combats…
En ville, les histoires des toits, je les découvre à peine. La rédaction vient de déménager à quelques pas de là où elle se trouvait. Nous nous rapprochons du coteau et au troisième étage, nous avons le privilège de saluer la cathédrale d’un côté, le Sacré-cœur de l’autre, la tour Victor-Hugo en tendant le cou (à chaque fois que j’associe ces mots, je me demande ce qu’il en aurait pensé) et l’Ermitage en tournant le cou dans l’autre sens.
Tout cela n’est pas vide d’histoire et il faudrait bien plus d’une décennie pour n’en découvrir qu’une infime partie.
Une décennie c’est en moyenne le temps que la rédaction passe en un lieu, avec une tendance ces derniers temps à accélérer les mouvements.
De mon bureau, je vois les toits (la photo est de Morad Cherchari), les pigeons qui s’envolent, les chats qui se baladent, les gens qui ouvrent les fenêtres et ceux qui les ferment. C’est une drôle d’impression de ne pas distinguer le sol d’une ville, là où tout est censé se dérouler, les voitures, les piétons, les vélos, les trottinettes électriques. Ceux qui se quittent et ceux qui se retrouvent, ceux qui partent et ceux qui arrivent.
Je devrais là trouver matière à raconter… n
August 16, 2020 at 10:18AM
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La ville à l’envers - LePetitBleu
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Ville
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