À Amsterdam, l’ambiance a radicalement changé. La très forte progression du nombre de visiteurs au cours de la dernière décennie a généré des effets collatéraux non désirables, comme une désertion des restaurants et des cafés du centre-ville par les résidents.
La pandémie aura provoqué leur retour. Ces derniers découvrent leur ville sous un jour nouveau. Ils apprécient la tranquillité, la propreté, ainsi que la résurgence du néerlandais comme langue d’approche au lieu de l’anglais.
Même constat à Venise et à Barcelone. La pandémie aura permis une réappropriation des lieux par la population locale, mais aussi une remise en question quant à la gestion des flux et de certains enjeux ayant contribué jusque-là à l’abandon des quartiers centraux par les résidents.
Le prix des loyers couplé à leur rareté due, en partie, à la prolifération des locations de type Airbnb, en est un exemple.
La mobilité active à l'honneur
Cette tendance de réaménagement pour faciliter la mobilité active et la fréquentation des commerces locaux, dans un contexte où la distanciation physique constitue le mot d’ordre, est observable partout sur la planète.
Les autorités de nombreux centres urbains sont d’avis qu’il faut profiter de l’occasion pour mieux planifier l’avenir dans une optique de développement durable, autant en matière d’aménagement que de gestion touristique.
Mieux aménager
Ce modèle séduisant permet de créer des milieux de vie dynamiques et attractifs à échelle humaine. Il engendre aussi une stimulation de l’économie locale, une réduction du recours à l’automobile et suscite l’esprit de communauté.

Réparer 50 ans de développement non durable mettant notamment en péril l’accès à la propriété, la santé des populations, la qualité de l’air et de l’eau et la santé économique à long terme des villes, voilà l’intention de ce groupe multidisciplinaire. Il propose de développer une économie verte, propre et sobre en carbone en changeant la façon de planifier et d’opérer les milieux urbains.
Les signataires formulent ainsi 20 mesures à mettre en place comme point de départ à ce virage. Celles-ci se regroupent sous trois thématiques. À titre d’exemple, voici ces grands thèmes accompagnés chacun d’une mesure :
Assurer une occupation responsable du territoire
Restreindre la location à court terme de logements pour assurer que ceux-ci ne soient pas à nouveau soustraits du marché locatif de l’après-COVID-19.
Accélérer la « décarbonisation » de nos systèmes de transport
Prioriser la transformation des rues et des routes existantes pour le transport actif, à la fois pour la période immédiate de reprise post-pandémie et comme mesures permanentes, tout en ajoutant de l’espace supplémentaire pour répondre aux besoins des personnes à pied, celles à mobilité réduite ou à vélo.
Adhérer au développement durable dans nos environnements naturels et bâtis
Adopter un plan détaillé et financé visant l’atteinte d’un couvert forestier urbain de 40 %.
Avec la pression que subissent actuellement les budgets municipaux, les propositions soumises dans cette déclaration nécessitent principalement une réallocation des ressources plutôt que des investissements supplémentaires. Un examen des priorités s’avère donc essentiel.
Mieux planifier la gestion touristique
Ces efforts ont débuté il y a environ deux ans, alors que les résidents démontraient leur exaspération face à une situation devenue intolérable.
La Ville ainsi que des mouvements de citoyens ont contribué à mettre en place plusieurs mesures, comme le resserrement des contrôles sur les locations d’appartement à court terme, ou encore la campagne de sensibilisation « We live here » visant à rappeler les règles de civisme aux touristes venus faire la fête.

Vers le tourisme lent
On encourage aussi le tourisme lent, c’est-à-dire les séjours avec nuitées plutôt que les excursions d’un jour — l’un des enjeux importants de Venise —, et la fréquentation des artisans, des églises et des musées à un rythme raisonnable.
On y voit là une façon de mieux disperser les visiteurs et de favoriser les interactions de qualité avec les résidents.
On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs
Profiter de l'impulsion du moment
Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme Transat
PROFITER DE LA CRISE POUR RÉINVENTER LA VILLE ET LE TOURISME
— Brokke, Katja. « With tourists gone, Amsterdam locals reclaim their city », CNN Travel, 27 mai 2020.
— Henley, Jon. « Overtourism in Europe’s historic cities sparks backlash », The Guardian, 25 janvier 2020.
— Hughes, Rebecca Ann. « Planning On Visiting Venice Post-COVID ? Follow This Advice From Venitians », Forbes, 17 juin 2020.
— Hidalgo, Dario. « More Bicycles, Slower Speeds, a More Livable City : Paris Mayor Anne Hidalgo Plans an Ambitious Second Term », The CityFix, 15 juillet 2020.
— Horowitz, Jason. « Venice Glimpses a Future With Fewer Tourists, and Likes What It Sees », The New York Times, 3 juin 2020.
— Keesmat, Jennifer; McKenzie, Kwame et Richard Florida. « Canada’s new normal begins in our cities », The Globe and Mail, 23 mai 2020.
— Partington, Miriam. « Coronavirus : A fresh start for Amsterdam tourism? », DW, 22 juin 2020.
— Sisson, Patrick. « How the ’15-Minute-City’ Could Help Post-Pandemic Recovery », Bloomberg, 15 juillet 2020.
August 25, 2020 at 05:07AM
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