Ce samedi matin à l'hôtel de ville de Saint-Denis, Laurent Russier, bientôt futur ex-maire (PCF), pianote sur son téléphone en attendant l'arrivée de son successeur. En pénétrant dans la salle du conseil municipal, le socialiste Mathieu Hanotin lui adresse une furtive poignée de main avant de s'asseoir à la place du maire. Après soixante-seize ans au pouvoir, les communistes, relégués sur un côté de la salle, rejoignent les rangs de l'opposition. Quelques minutes plus tard, le conseil élira officiellement Mathieu Hanotin maire de la première ville du département avec 44 voix pour, auxquelles s'ajouteront 11 votes blancs. Ceux des 11 élus d'opposition.
Deux groupes au sein de l'opposition
Courtois, l'édile a d'abord laissé la parole à son prédécesseur qui, après avoir dressé son bilan, a promis de défendre une opposition « constructive, vigilante et combative ». Une opposition, qui devrait compter finalement deux groupes, puisque Kader Chibane annoncera un peu plus tard son intention de créer un groupe EELV.

Dans son nouveau costume d'édile, le conseiller départemental - qui a été élu avec 59,04 % des voix le 28 juin - a salué ses prédécesseurs et joué la carte du rassemblement. « Nous sommes tous des hommes et des femmes de gauche, de progrès et de solidarité », a rappelé Mathieu Hanotin, qualifiant son élection de « respiration démocratique ». « Les électeurs ont choisi la rupture dans la gestion, mais la fidélité dans leurs valeurs, a-t-il insisté. Nous avons besoin de construire un nouvel avenir dans notre ville. Saint-Denis, c'est l'archétype imaginaire de la banlieue aux yeux des concitoyens de notre pays. Incarner aussi intimement la banlieue nous confère une responsabilité supplémentaire. Celle de l'absolu devoir de réussir. »
Améliorer la qualité de vie
L'élu est ensuite revenu sur les priorités qu'il souhaite donner à son mandat, notamment l'amélioration de la qualité de vie grâce à « des rues plus propres, des services publics, notamment éducatifs, de meilleure qualité » et « un espace public plus apaisé, plus sécurisé ». Mathieu Hanotin a regretté que l'installation de grands sièges d'entreprises dans la commune ces dernières décennies n'ait pas directement bénéficié aux habitants.
« L'exemple de l'installation de SFR est une parfaite illustration de ce qu'il ne faut plus faire. Accueillie en grande pompe en 2013, puis partie en 2018 ! La collectivité fait beaucoup d'efforts pour attirer des entreprises, mais n'en a pas fait assez pour permettre à nos habitants d'avoir accès aux nouveaux emplois ou pour inciter leurs salariés à s'installer sur notre territoire », a-t-il lancé.
L'écologie, une des priorités affichées par le nouveau maire
Mathieu Hanotin a également promis de faire de l'écologie une de ses priorités. Sa « première décision » sera d'ailleurs l'adhésion de la ville à la Zone à faibles émissions (ZFE) lors du prochain conseil municipal, le 23 juillet. Une adhésion qui avait été refusée par son prédécesseur. « Vous dites vouloir faire de l'écologie, mais cette thématique revient seulement au 10e maire-adjoint », a taclé l'élue d'opposition Sophie Rigard (Place Publique), qui s'est également interrogée sur le nombre de délégations concentrées par certains adjoints.
Katy Bontinck (Génération. S), nommée 1re adjointe, sera ainsi chargée de la « santé, du logement, de la lutte contre l'habitat indigne, de la politique de la ville et de la rénovation urbaine ». Shems El Khalfouai (Génération. S), 2e adjoint, s'occupera lui des « sports, du développement économique, de l'emploi et de l'insertion, de l'économie sociale et solidaire et des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ».
L'édile brigue la présidence de Plaine Commune
Durant le conseil municipal, Mathieu Hanotin a également annoncé son intention de se présenter à la présidence de l'Établissement public territorial Plaine Commune, qui était jusqu'alors dirigé par le communiste Patrick Braouezec. « Plaine commune est devenue une sorte de technostructure trop souvent déconnectée de l'urgence du quotidien. Elle doit retrouver de la proximité et le sens du service aux habitants. Pour cela, j'en suis convaincu, il faut un maire à sa tête », a-t-il martelé, disant également vouloir redonner toute sa place à Saint-Denis au cœur du Grand Paris.
En insistant aussi sur l'importance du « couple ville-département », Mathieu Hanotin a sans doute glissé une allusion indirecte aux prochaines élections départementales qui auront lieu en 2021. « Je pense que nous partageons une identité et des problématiques communes avec nos voisins, même éloignés de Seine-Saint-Denis […] Ce n'est qu'ensemble, unis, que nous réussirons à obtenir un nécessaire rééquilibrage des politiques publiques pour nos concitoyens », a-t-il déclaré, écouté attentivement par le président socialiste du conseil départemental, Stéphane Troussel. Une élection en chasse une autre.

July 04, 2020 at 11:56PM
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Saint-Denis : les socialistes s’installent à l’hôtel de ville - Le Parisien
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